vendredi 20 août 2010

S'éduquer, à la lueur des réverbères



Ayiti, 85 pour cents d’analphabètes et illettrés…Ca, c'était avant Bagay, l’évènement, la cata badum-badum, c'est à dire le tremblement de terre en langue locale…
Aux carences propres du système éducatif (infrastructure désuète, vétuste, programmes mal adaptés, enseignants mal préparés qui ont parfois 15-16 ans, mal rémunérés, démotivés) s’ajoutent selon les milieux urbains ou ruraux d’autres facteurs : la distance à parcourir, à la campagne, pour atteindre l’école (par temps de pluie les routes, ou plutot chemins, sont transformés en bourbiers et les rivières en torrents infranchissables), la nécessité pour les enfants de participer très tôt aux activités des parents. En outre ces enfants appartiennent en général à des familles nombreuses qui habitent une maison exigüe comportant seulement une pièce ou deux, sans table de travail, sans électricité. Les plus courageux étudient à la lueur des rares réverbères encore debout, dans les rues ou chez des amis plus aisés. Se posent aussi les problèmes liés à l’alimentation, à la santé. Certains arrivent à l’école sans avoir mangé et doivent attendre chaque jour l’unique repas du soir pour apaiser leur faim. Chez ces enfants, ascètes par nécessité, on voit très vite se manifester, au cours des interminables heures de la journée, les signes de l’épuisement. Leur attention faiblit vite, et ils ont bientôt tendance à s’endormir. De nombreux parents, voulant épargner à leurs enfants pareilles tortures, renoncent à les envoyer à l’école…

Et que fait l’UNICEF dans tout ca, me demanderez-vous? Reconstruire des écoles, installer des centres psychosociaux dans les camps de déplacés, mettre en place des garderies pour que les milliers de mamans désormais seules notamment puissent survivre hors de leurs tentes, bâches, abris de fortune pendant que les enfants retournent en classe?

Non, non…UNICEF fait des posters géants, achètent des encarts disproportionnés comme celui en bas du HLM de ma mère, là bas, que j’ai vu lors de mes congés. Oui, un panneau énorme, ou de petits écoliers sont alignés, adorables, avec le chaos, les débris, de leur école (privée …) derrière eux…Comment ne pas donner ?

Mais des opérations concrètes, franchement, on est bien loin du compte.

Cela fait des années que j’ai réussi à convaincre mes amis et familles de ne plus acheter de cartes de vœux ni donner leurs ronds à UNICEF, vu que, hors quelques projets d’urgence immédiate, 70% de leurs investissements sont consacrés au fonctionnement de la machine en soi, au renouvellement du parc de ses 4x4, bref, à de l’autoréférence permanente…Nourrissons la bête, faisons de la com pour nourrir la machine pour...Le parfait cercle vicieux...

Toute personne dans ce milieu a des dizaines d'anecdotes sur les écarts abyssaux entre ce que communique de façon emphatique et tonitruante l'UNICEF sur leur action, et leur impact véritable dans la vie réelle des "vrais" gens...

UNICEF, c’est vraiment une immense escroquerie très, trop peu dénoncée…Ceux qui y sont gardent leur place bien au chaud, se taisent. Ceux qui sont en périphérie voient, taisent et ricanent. Et le quidam, gentil et docile donateur de Compiègne , de Lausanne ou de Quebec ville, continue de cracher son pognon, ému par la maquina ex marketing de tout premier niveau déployé systématiquement par ce monstre de la Com Humanitaire Globale…

Le bilan d’UNICEF, après 7 mois, mieux, le ratio pognon reçu=projets mis en œuvre est lamentable. Et Dieu sait si je suis souple et compréhensif quand aux difficultés…Mais là, nous sommes dans du lourd de chez lourd.

Sur l'éducatif, donnez 10 dollars sur des ONG spécialisées qui travaillent en même temps sur de l'incidence en politique publique, avec de vrais partenariats locaux, et vous y retrouverez vos petits. Donnez 10 dollars à l'UNICEF, vous aurez la satisfaction d'avoir engraissé encore un peu plus l'Obèse, Inefficace Machine à Niaiseries de l'agance des Nations Unies pour l'enfance...

1 commentaire:

  1. L'unicef est totalement contre l'adoption internationale qui serait traumatisante (! et vivre dans la misère et la catastrophe sans parents, ce n'est pas traumatisant ça?) pour les orphelins. Depuis cette prise de position radicale et qui a influencé la politique internationale de plusieurs pays, je ne donne plus à cet organisme que j'ai déjà encouragé dans mes jeunes années. À partir de votre billet, j'en viens à penser que l'Unicef veut garder le plus d'enfants pauvres sur place pour alimenter ses statistiques et protéger la job bien payée de ses employés.

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