dimanche 26 septembre 2010

Relations amicales



« Une persistance à mal se conduire ou une impuissance qui aboutit à un relâchement général propre à une nation civilisée peuvent rendre nécessaire à la fin, en Amérique comme ailleurs, l’intervention de quelque nation civilisée ».
Theodore Roosevelt, président des Etats-Unis, 1903, s'adressant au Congrès


« Haïti n’a pas été, à proprement parler, une colonie française, mais nous avons depuis longtemps des relations amicales... »

Jacques Chirac, Président de la République française, Pointe à Pitre, Guadeloupe, 10 mars 2000, s'adressant aux élus du Conseil Régional de Guadeloupe

« En Haïti, nous avons besoin de nous investir au moins dix ans. Et ce n’est pas seulement les Nations Unies qui le disent, mais la communauté internationale dans son ensemble. »
Sophie Boutaud de la Combe, porte parole de l’ONU, PaP, 24 novembre 2006, s'adressant à la presse internationale

« Mais, chers collègues ONGiens/ONUsiens/Clusteriens : êtes-vous bien certain de la pleine légitimité, pertinence de vos projets, là ? M’enfin, êtes vous bien sûr de savoir ce que vous foutez là, les gars ? Do no harm, hein, do no harm-ne pas faire de dommages, dit-on, comme Première des Règles de base pour toute intervention...hein ? Allo ? Y a quelqu’un pour réfléchir, là, ou bien ? Avant d’agir, je sais pas, les effets pervers, tout ça…Non ?
Herman, s'adressant à lui même, tout nu devant la glace, le 13 septembre 2010

Et enfin:
Konstitisyon se papie, baionet se fe
(la Constitution est en papier, les baïonnettes sont en acier).
La rue Ayitienne, s'adressant à nous tous, à notre capacité à comprendre la mémoire politique de ce peuple qui bout...

samedi 25 septembre 2010

Port au Prince et sa Morally Repugnant Elite




Acculé à se spécialiser dans la sous-traitance, d’une part par les américains qui y trouvaient leur compte en grande partie à cause d’une main d’œuvre bon marché (et c’est un putain d’euphémisme…), d’autre part à cause du manque d’audace et d’imagination des investisseurs et des dirigeants politiques haïtiens, Port au Prince était, bien avant la catastrophe (bagay la), une ville micro-industrieuse, centraliste à la vie à la mort, qui profitait peu au pays…Aujourd’hui, une ville par terre.

Entre temps, économiquement, rien ou presque, l’explosion notable de 3 sources essentielles de revenus pour l’élite moralement répugnante de cette ville, qui préside aux destinées du pays (NB : Morally Repugnant Elite - MRE, en sigles américains progressistes…si si, ca existe comme dénomination d’origine contrôlée qui plus est), qui sont :
1) la loterie…le loto quoi ; des enseignes partout, partout, Lesly Center, New York magic, dans les coins les plus reculés ; pas de piti pwofit, les pauvres peuvent bien raquer eux qui tiennent à coup de « demain »;
2) l’éducation et le business des écoles, éminemment lucratif, à tous les niveaux, depuis la maternelle jusqu’à la faculté, avec moultes promesses de cursus faisant miroiter le meilleur et le plus radieux des avenirs trilingues pour tous; et, bien sûr,
3) les maquiladoras, ou usines d'assemblage, à la frontière avec la République dominicaine notamment, ou la surexploitation est connue, acceptée, normalisée de et par tous.

Je rajouterai, pour la forme, le paradoxe des western union, ou centres de réception des transferts de fonds de la diaspora ayitienne, partout partout, à la fois le véritable matelas d’absorption, la soupape de décompression, la valvule de sécurité qui désamorce en continu les tensions explosives du pays, en transférant directement des fonds dans les poches et investissements des pauvres,
mais ce sont ces mêmes western union branches dont les chefs d’antenne s’engraissent à coups de commissions indues récoltées sur le dos, le front et la sueur des travailleurs de la canne à pis dominicaine ou du dominos pizz de Cayenne.

(relis donc cette phrase…oui, elle est incroyable, un vrai rappeur, je sais…)

C’est étonnant de constater que ces 3 "filières" économiques s’appuient sur cette tension entre marasme, détresse, dure, hardcore et sans limites vers l’abject,
cette cruelle existence de ce sous prolétariat urbain, aujourd’hui en partie déplacé sous des bâches usées jusqu’à la corde;
ET
ses mêmes aspirations universelles, simples, à un avenir meilleur, ailleurs, loin : loin, demain, le miracle du loto, loin, demain, c’est loin, l’avenir de mes enfants, alors oui, pas le choix, se saigner pour payer une éducation hors de prix, de merde, à plusieurs milliers de dollars par mois ; loin, demain, ailleurs, loin, le salaire qui me permettra d'économiser autres chose que ma survie, loin, le cousin, l'oncle qui envoie son pourcentage….Et qui engraisse les intermédiaires, de 7 à 13% les "muy hijos de puta", ces parasites…

Port au Prince, dite PAP pour les intimes, qui malgré l’occupation américaine, qui dura bien 15 ans (je dis ca de mémoire…peut-être me trompe-je...), pouvait devenir une grande capitale dans les années 20 et 30, resta par la suite une métropole sous développée ou, comme on dit de façon pudique, très dépendante.

La dictature des Duvalier, père et fils, qui finirent sur la Côte d’Azur avec le magot, les fausses promesses et dés-illusions du Père Aristide 1 et 2, sont aussi passées par là.

Aujourd’hui, il faut signaler l’inflation galopante due à l’omniprésence de nous autres, les blancs venus qui en ONG, qui en ONU, qui en touriste humanitaire, n’arrange rien à l’affaire tout en contribuant à résoudre des problèmes d’habitat pour le 1,5 millions de déplacés-sans-abris. Vas comprendre ce paradoxe de plus…

Et malgré tout, PAP, cette vieille peau délavée, je l'aime, oui, je l'aime...

mercredi 22 septembre 2010

Titide Aristide, version 1987



Travailler aupres, aux cotes, avec, plutot que ''pour'', oui, j'insiste sur cette croquinette de nuance, travailler aux cotes des haitiennes et haitiens donc, me permet, malgre les frustrations qui sont legion pour les acteurs humanitaires par ici, de rencontrer d'etonnants et attachants personnages...

Notamment T...Militant hargneux de cette generation decue, sacrifiee de 1986 et l'apres baby Doc, l'apres dictature, ou tout devenait enfin possible.
Leur engagement aupres de Titide, des 1987...Et la deception quand les reves d'un pays plus juste, plus protecteur, se fracasserent sur l'ecueil du reel.
T. , son amertume et sa rage contenue, aujourd'hui, en evoquant ce que sont devenus ces mouvemenst d'espoir. Ce qu'est devenu Titide, en 2004...Ce que lui meme est devenu, dans ce pays en lambeaux. Un vendu, me dit-il, je suis devenu un vendu...

Quelle ne fut pas sa suprise et son emotion quand je partagai avec lui ce reportage de l'émission Temps présent, diffusé en mars 1987, qui dresse le portrait de la situation politique et économique d'Haïti d'alors. On assiste ainsi au sermon du très charismatique curé des bidonvilles Jean-Bertrand Aristide, surnommé «Titide», avant son accession à la présidence quelques annees plus tard...

Le voici ici, a voir a tout prix.

Et la petite machine a moudre les souvenirs et les paroles se mit en branle. Il me raconta tout, cette epoque, cette eglise, cette vague d'esperance.

Le meme jour, j'evoquai ce petit documentaire aupres de quelques confreres ONGiens ...La moitie ne savait pas qui etait Aristide.

Ils travaillent en Haiti. Ils sont la pour plusieurs mois.

Les bras m'en tombent, toujours, a chaque fois...Haiti n'est plus une histoire, tourmentee: c'est un playground, un terrain de jeu humanitaire, pour certains...

POur les autres, ecoutez le Titid de l'epoque. Etonnant voyage d ans le temps...

samedi 4 septembre 2010

L'anti-Abécédaire de l'Humanitaire




Allumé à Ayiti, avec ACF,
Bang-bangué à Bangui, avec BIOforce
Cramé en Crimée, avec CCFD
Decker à Dakar, avec DDE

C’est l’anti-ABCD de l’humanitaire.

Embuscadé à hEbron, avec les E-Peace Brigades
Foutu en France, avec Fillon Inc.
Gazé à Gaza, avec GOAL,

Habité à Haïti, avec HI
Inspiré en Ituri, avec IRC
Jouisseur à Juliaca, avec JRS,

Karbonisé à Kandahar, avec Koncern,
Libidineux en Lybie, avec LLL
Médiateur en Macédoine, avec MSF,

Néfaste au Népal, avec les New Mercy Missionaries,
Omniscient en Ossétie, avec l’OMS,
Perdu au Pérou, avec le PAM,

Qulbutant l’autochtone de Quito, avec des Quick projects
Rageur à Ramallah, avec RSF,
Stupéfait à San Andres, avec Solidarités,

Traqué en Terre Tamoul, avec Terre des hommes,
Ubuesque en Uganda, avec les UN
Vaseux à Victoria, avec VSF,

Winner à Washington, avec la WB,
Xénophobe inavoué au Xiapas, avec X ONG fantaisiste,
Yankee go home, avec tout le monde ;
Zélé en Zambie, avec Zave the Chicken.

De partout, de partout,
Dans n'importe quelle opération,
Avec n'importe quelle ONG ou OI,
Les prolos de l'humanitaire de mon acabit,
les plus lucides d'entre nous, en tout cas, oui, quelle prétention,
(mais certains sont vraiment dans les choux, faut dire, faut voir, hein,
c'est pas que j'veuille ruer dans les brancards moi,
mais bon,
degré zéro de réflexion, on agit, après on voit,
on se déploie, on prend, et on s'en va; y'en au un sacré gwo paqueto)

Et bien nous autres, toi, lectrice, lecteur adoré,
nous autres, nous nous demandons: mais c'est quoi bordel de merde que ce méga bagay là?
Quel est le sens de tout ce gâchis de bonnes volontés? Et de deniers publics? Et de petites économies de tant de braves gens de tant de pays?
Que fout-on en terme d'usage, de discernement, de tout ce fric, pour les sinistrés dont nous avons la responsabilité de, au moins, ne pas encore plus enfoncer voire même les aider à..survivre?

De partout, la question, lancinante, qui monte: sommes-nous les "bouzin", les putains en kreyole,
du Géopolitique? Sommes-nous uniquement le service après-vente, la fine pellicule d'humanisation marketté d'intérêts géostratégiques bien compris par nos donateurs, mais trop peu par nous autres, les petites mains de l'humanitaire?
Sommes nous uniquement les idiots utiles des puissances dominantes? USA en Haïti, France au Tchad-frontière Darfour, UK-UN driven, qui se taisent, en plein bombardements au Sri Lanka?
Et à quel prix? Pour les peuples que nous sommes censés "assister" ou accompagner, c'est selon?
Et pour notre propre santé mentale mais surtout, pour notre propre santé éthique?

Allumé à Ayiti, avec ACF,
Bang-bangué à Bangui, avec BIOforce
Cramé en Crimée, avec CCFD
Decker à Dakar, avec DDE...

Je suis fatigué, mais j'ai la rage.
Je suis frustré, mais j'aime cette contrainte là.
Je suis pas lassé, blasé, mon cynisme n'est qu'un grossier alibi pour masquer mon idéalisme encore à vif. J'y crois encore tellement que j'en fais un blog. Alors ne te méprends pas, Gaston.

Bref. Tu l'auras compris. Quand au réveil tu écris des trucs bizarres, comme ça, sur un carnet, depuis ton ccompound ou ta tente, juste pour toi...Pour ne pas oublier. Et que tu décides de "bloguer" pour la première fois, quelques mois plus tard. Et bien il te reste à faire tourner, amie, ami...I need your support: DONATE NOW for Herman, your favorite humanitarian prolo... Lettre H, comme HERMAN.

Allez, fais tourner, c'est du 100% non lucratif pour de vrai, cette fois, en plus...

Ce matin, un Jordanien...



Comme tant d’autres membres éminents du Global Charity Social Club globalisé (chatoyant Pantheon-Hall of Fame-Special mobilisation Task force regroupant pêle mêle Sean Penn, Nicole Kidman, Christina Aguilera, Ricky Martin etc etc), figures toi que
Chantal Goya, elle aussi, se trouve en tournée sur Haïti.

Mais je déconne pas en plus...

Allez, on reprend tous sa chanson fétiche:
« Ce matin, un Jordanien, a violé une fillette,
C’était une fillette, qui, vivait sous abri… ».

La rumeur, bien informée cette fois, court que des chèvres n’ont pas échappé à cette frénésie en bottes et uniforme UN…Je suis absolument sérieux et sûr de mes sources, par ailleurs.

Et oui, des membres des troupes de maintien de la paix, dits "Casques bleus", tu vois, le Bagay/Machin là, qui ont pour mandat de protéger les populations les plus vulnérables du pays, entre autres, dont les déplacés qui vivent en camps de fortune; et qui se retrouvent du côte des perprétateurs, des victimaires, en abusant tout à la fois de leur autorité, de l'opportunité qui se présente, d'une enfance ou deux comme ça, au passage. Ni vu, ni connu.

Et les plaintes des déplacés témoins ou ayant accompagné ces victimes, s'évaporeront sans doute d'elle même...Sans parler des menaces de ces mêmes salopards sur ceux qui tentent de clamer justice.
L’impunité prévaudra-t-elle ? Au mieux, ces gougnafiers seront renvoyés chez eux, ou ils pourront reprendre leur taquinage quotidien du gueux palestinien en toute quiétude...
La question à 1000 gourdes, qui préoccupe finalement très peu de monde par ici, me semble la suivante: le renvoi de ces brutes dans leur caserne d'origine est-elle une mesure juste et suffisante?

Les choses sont bien difficiles à caricaturer en la matière, nous dit-on...
Mais DPKO/Opérations Casques bleues ont tout de même un sacré record de violations de droits fondamentaux dans pas mal de pays, à y regarder de plus près.
Faut dire, Sri Lanka, Jordanie, Nepal...On a pas les militaires les plus human rights friendly ni les plus disciplinés par ici...

Il n’empêche, la sagesse populaire haïtienne, qu’on serait bien inspiré d’écouter parfois avec d’avantage de soin et d'empathie, nous dit par ici, et depuis 2004, que MINUSTAH=TOURISTAH.


Ce matin, un Jordanien, a violé une fillette...