lundi 18 octobre 2010

Haiti n'existe pas



Voilà un livre qui donnera d’indispensables points de repère à celui, humanitaire et/ou/enfin quand meme un peu, non?/verra bien/et/ou humaniste, bref, celui et celle qui voudra dénouer l’écheveau brouillé des causes et des effets secouant actuellement cette île des Caraïbes. Christophe Wargny est d’ailleurs bien placé pour cela puisque, outre le fait d’être historien, il a eu l’occasion de travailler auprès du président Aristide, alors que ce dernier était en exil à Washington et qu’il incarnait encore les aspirations populaires à la justice et au changement social. Dramatique parcours dont il faut saisir « la dérive » et « le naufrage collectif » auquel il a conduit : « J’ai voulu moi aussi comprendre comment, en quelques années, la promesse s’est faite impasse ou même cauchemar ».

Pour y parvenir, Christophe Wargny reviendra bien sûr à quelques-uns des éléments fondateurs de l’histoire haïtienne : l’indépendance de 1804 « d’une singularité absolue », la longue « mise en quarantaine » qui s’en est suivie, puis l’occupation américaine de 1915 à 1934, enfin la longue dictature Duvalier qui « va marquer le pays au fer rouge ». Mais il s’attardera surtout à la période qu’il a connue de plus près (1991 à 2000) : celle qui a conduit Haïti des rêves d’une seconde indépendance à « une révolution avortée » puis à une véritable descente aux enfers. Et plutôt que de stigmatiser la responsabilité du seul Aristide – qu’il n’épargne pourtant pas – il cherchera d’abord à faire ressortir la complexité des facteurs en jeu : la culture de l’impunité et de l’absence de droit, les pressions états-uniennes et leurs diktats néolibéraux, les formidables problèmes économiques et environnementaux. Et, plus que tout, la terrible ignorance de l’Occident pour lequel « Haïti n’existe pas », sauf quand elle est en crise !

Sinon, les humanitaires qui lisent des livres sur Haiti ou apprennent les rudiments du Kreyole se comptent sur les...bouts de...moignon de rescapes. Deja, pour que certain se mettent au francais ou sortent du Lonely planet, on est deja dans le domaine de l'impensable, alors pensez-donc, le kreyole, alors pensez-donc, du Laferriere ou des essais socio-politiques pour comprendre un peu ce qu'on fout la...

Un jour viendra ou avant de deployer ces braves gens de l'humanitaires, petites mains comme gros et gras experts-gras - dans un sens biblique, hein, j'entends, pour le petit bout de 'gras'...-, on les obligera a lire et relire tout un kit socio-culturel sur le pays de destination et ''d'intervention''. Histoire de limiter la casse.

En voila une filiere qu'elle est porteuse de germes d'avenir, non? La preparation integrale au depart... Tiens, faudra que j'en touche un mot a nos ''stagiaires/volontaires de solidarite internationale et du progres pour un avenir radieux et cui et cui font les perruches guillerettes d'alegresse'', statut homologue, sous-payes voire point du tout: ca pourrait leur donner des idees de Consulting, eux qui seront bientot sur la paille...

En attendant, pour eux non plus, Haiti n'existe pas.

Et merci a P.Mouterde pour son lien...

1 commentaire:

  1. Tu as raison, c'est à lire. J'ai deux séjours de, disons tourisme humanitaire, de réaliser et cette lecture m'a aidé à comprendre d'où vient ce peuple et donc de les comprendre un peu plus. Lâches pas ton beau travail, j'apprécie énormément ton blog!

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