dimanche 27 février 2011

Haïti et ses perpétuels "projets" de développement



Remplacez dans la dernière case CUSTOMER par COMMUNITY, ou juste, THESE PEOPLE, et vous aurez une idée plutôt réaliste des processus sinueux et ... de l'état ou se trouvent environ 80% (statistique non homologuée OCHA - ni ECHO - ni Coordination Sud - ni Eurostat non plus) des projets de développement qui sévissent dans le pays depuis 30 ans.

Parmi eux, une masse étonnamment brouillonne, irresponsable et foireuse de projets menés par quantité d'églises mormones, adventistes, pentecôtistes et autres puissantes chapelles, fruits amers du puritanisme pan-US militant.

Tout vol quotidien d'American Airlines en emmène d'énormes floppées, représentants es Theos de tout âge, en "mission" d'épandage d'amour au fort accent Middle West, pour une ou deux semaines de labeur "volunteer".

Leurs t-shirts sont particulièrement criards, leurs compétences proches du zéro pointé et leurs grands, imperturbables sourires autosatisfaits me font toujours un effet cataclysmique: ce doit être l'onde de choc, l'effet immédiat d'un impérialisme des bons sentiments qui aura, décidémment, toujours le don de m'effrayer dans ce qu'il recèle de plus tordu, de plus malsain et de plus dangereux chez les Missionnaires 2.0 de notre époque.

Va falloir rentrer dans le détails avec cette histoire là, qui n'a fait que s'aggraver depuis le séisme...

samedi 12 février 2011

Aristide développement



« Une persistance à mal se conduire ou une impuissance qui aboutit à un relâchement général propre à une nation civilisée peuvent rendre nécessaire à la fin, en Amérique comme ailleurs, l’intervention de quelque nation civilisée ».
Theodore Roosevelt, président des Etats-Unis, 1903

« Haïti n’a pas été, à proprement parler, une colonie française, mais nous avons depuis longtemps des relations amicales... »
Jacques Chirac, Président de la République française, Pointe à Pitre, Guadeloupe, 10 mars 2000


Autant le savoir: en plein brouille autour de l'intervention Bushiste en Irak entre les USA et la France, la collaboration franco-américaine pour faire le dirty job a fonctionné à plein, bien que très discrètement, dans de nombreux pays.
En 2004, en Ayiti, ce sont bien ces 2 pays amis qui ont pressioné, puis physiquement séquestré et "démissioné" en l'éjectant à Bangui, puis en Afrique du Sud.

Ce sont des faits. Les faits sont têtus.

Aristide étant sur le point de resurgir dans le pays, et je sens bien que c'est imminent, un petit point s'impose. La souveraineté, ici, n'a jamais été qu'un vœu pieux...Mais en même temps, Aristide, ce gâchis sur pattes devenu pion des narcos, pouvait-il rester beaucoup plus longtemps, dans ces conditions?...Les USA et la France se sont permis de répondre à cette question, il y a 7 ans.


Aristide du prophète au dictateur
LE MONDE | 08.01.2004


A 50 ans, le président haïtien, ancien prêtre des bidonvilles, paraît de plus en plus isolé, mais il s'accroche au pouvoir, avec le soutien des milices.

Jean-Bertrand Aristide rêvait d'être le Toussaint Louverture du XXIe siècle. Le père d'une nouvelle indépendance, deux siècles après la proclamation de la première république noire. Celui qui aurait tiré les Haïtiens de leur misère pour les conduire à une "pauvreté digne". Mais le temps du rêve est terminé : nombre de ses compatriotes le comparent aujourd'hui à Jean-Claude Duvalier, le dictateur qu'il fustigeait à la fin des années 1980 lorsqu'il n'était qu'un jeune curé révolutionnaire des bidonvilles de Port-au-Prince. S'appuyant sur les "chimères", bandes armées qui ont remplacé les "tontons macoutes" des Duvalier, et jouant habilement des hésitations de Washington, "Titid", comme on le surnomme, s'accroche au fauteuil présidentiel face à la colère grandissante de son peuple.

Après avoir incarné un immense espoir de changement démocratique à la chute de la dictature des Duvalier, Aristide s'est révélé incapable d'apporter un début de solution aux maux qui rongent la société haïtienne. Depuis son irruption à la tête de l'Etat, il y a treize ans, le pays le plus pauvre des Amériques a continué de s'enfoncer dans la crise.

Par ses atermoiements, ses promesses non tenues, la communauté internationale porte sa part de responsabilité dans cet échec. Mais, en s'opposant au renforcement des institutions, en confortant l'image d'un président omnipotent et messianique, en recourant aux vieilles recettes latino-américaines du clientélisme, de la corruption et de la violence extrajudiciaire, Aristide lui-même est le grand responsable du désastre.

Ceux qui l'ont porté au pouvoir, en 1990, les idéalistes qui communiaient avec lui dans la théologie de la libération, ont été parmi les premiers à dénoncer en lui la graine de dictateur. Mais la soif de pouvoir absolu, l'incapacité de négocier honnêtement n'ont rencontré au départ que peu d'obstacles.

Les journalistes de la radio haïtienne, les intellectuels et quelques hommes politiques courageux ont d'abord dénoncé les dérives du régime. Puis la société civile, les étudiants et la grande masse de la population ont pris le relais. Retranché avec sa famille dans son imposante résidence de Tabarre, dans la banlieue de la capitale, sous la protection de gardes du corps américains, ne se déplaçant qu'en hélicoptère, "Titid" s'est coupé du petit peuple, qui voyait en lui un prophète. Sans jamais élucider l'origine de sa fortune.

Pour la suite, c'est là.

lundi 7 février 2011

Tyranosaurus populis




Aujourd'hui, à Port au Prince.

Aujourd'hui, le président Préval devait finir son 2ème mandat, en accord avec la Constitution et son avocat, et partir se reposer à Miami, en ligne avec une longue histoire et tradition régionale.
Aujourd'hui, l'avocat d'Aristide est venu en avion de ligne, depuis Miami, histoire de récupérer son passeport diplomatique délivré en accord avec la Constitution, en désaccord avec la notice d'Interpol, la justice et le bon sens, en symbiose avec, là aussi, une très ancienne tradition régionale.
Aujourd'hui Baby Doc Duvallier a repris du baba au rhum.
2 fois.

....soupirs....

Aristide bientôt de retour, inévitablement.
Baby Doc qui pavanne dans les restaurants de Petionville.

(Remarques, ca ferait une bonne idée de "Ultimate fighter", façon lucha libre du Mexique, entre ces deux Tyranosaurus populis.
Preval en arbitre. Et le candidat malheureux, éjecté, Jude Celestin, en coupeurs d'orange. Manigat, la candidate, qui fait passer les pancartes affichant les rounds, en bikini de..sous la musique de Sweet Mickey l'autre candidat du 2eme...STOP.
)

Et à peine 200 manifestants aujourd'hui, quelques pneus et caillasses balancées. Cela suffit pour que la moitié des ONG demandent à leur staff de regagner leurs bases/villas retranchées, dans un repli préventif ridicule...

On nous aurait, moqueurs, évoqué cette farce improbable il y a encore un mois que...
Non décidément, le réalisme magique et biscornu, ce n'est pas que pour les pays plus au Sud.

Les vieux exilés, eux, ne seront qu'à moitié surpris...

« Disons seulement, qu’en dépit du départ des Duvalier, les politiques mises en ouvre depuis 1986, à de rares exceptions près, ressemblent à s’y méprendre à celles inaugurées par François Duvalier et conduites par son fils Jean-Claude sous la houlette de conseillers variés. Le pathétisme de cette situation vient du fait que, malgré le précipice que frôle le pays, nos compatriotes n’arrivent pas à discuter sincèrement autour d’une table et ne paraissent pas décidés à trouver un terrain d’entente minimum. Nous espérions tourner la page des Duvalier et de leurs méthodes de gouvernement, nous sommes obligés de constater aujourd’hui que rien n’a véritablement changé. »

Jean Metellus