samedi 12 février 2011

Aristide développement



« Une persistance à mal se conduire ou une impuissance qui aboutit à un relâchement général propre à une nation civilisée peuvent rendre nécessaire à la fin, en Amérique comme ailleurs, l’intervention de quelque nation civilisée ».
Theodore Roosevelt, président des Etats-Unis, 1903

« Haïti n’a pas été, à proprement parler, une colonie française, mais nous avons depuis longtemps des relations amicales... »
Jacques Chirac, Président de la République française, Pointe à Pitre, Guadeloupe, 10 mars 2000


Autant le savoir: en plein brouille autour de l'intervention Bushiste en Irak entre les USA et la France, la collaboration franco-américaine pour faire le dirty job a fonctionné à plein, bien que très discrètement, dans de nombreux pays.
En 2004, en Ayiti, ce sont bien ces 2 pays amis qui ont pressioné, puis physiquement séquestré et "démissioné" en l'éjectant à Bangui, puis en Afrique du Sud.

Ce sont des faits. Les faits sont têtus.

Aristide étant sur le point de resurgir dans le pays, et je sens bien que c'est imminent, un petit point s'impose. La souveraineté, ici, n'a jamais été qu'un vœu pieux...Mais en même temps, Aristide, ce gâchis sur pattes devenu pion des narcos, pouvait-il rester beaucoup plus longtemps, dans ces conditions?...Les USA et la France se sont permis de répondre à cette question, il y a 7 ans.


Aristide du prophète au dictateur
LE MONDE | 08.01.2004


A 50 ans, le président haïtien, ancien prêtre des bidonvilles, paraît de plus en plus isolé, mais il s'accroche au pouvoir, avec le soutien des milices.

Jean-Bertrand Aristide rêvait d'être le Toussaint Louverture du XXIe siècle. Le père d'une nouvelle indépendance, deux siècles après la proclamation de la première république noire. Celui qui aurait tiré les Haïtiens de leur misère pour les conduire à une "pauvreté digne". Mais le temps du rêve est terminé : nombre de ses compatriotes le comparent aujourd'hui à Jean-Claude Duvalier, le dictateur qu'il fustigeait à la fin des années 1980 lorsqu'il n'était qu'un jeune curé révolutionnaire des bidonvilles de Port-au-Prince. S'appuyant sur les "chimères", bandes armées qui ont remplacé les "tontons macoutes" des Duvalier, et jouant habilement des hésitations de Washington, "Titid", comme on le surnomme, s'accroche au fauteuil présidentiel face à la colère grandissante de son peuple.

Après avoir incarné un immense espoir de changement démocratique à la chute de la dictature des Duvalier, Aristide s'est révélé incapable d'apporter un début de solution aux maux qui rongent la société haïtienne. Depuis son irruption à la tête de l'Etat, il y a treize ans, le pays le plus pauvre des Amériques a continué de s'enfoncer dans la crise.

Par ses atermoiements, ses promesses non tenues, la communauté internationale porte sa part de responsabilité dans cet échec. Mais, en s'opposant au renforcement des institutions, en confortant l'image d'un président omnipotent et messianique, en recourant aux vieilles recettes latino-américaines du clientélisme, de la corruption et de la violence extrajudiciaire, Aristide lui-même est le grand responsable du désastre.

Ceux qui l'ont porté au pouvoir, en 1990, les idéalistes qui communiaient avec lui dans la théologie de la libération, ont été parmi les premiers à dénoncer en lui la graine de dictateur. Mais la soif de pouvoir absolu, l'incapacité de négocier honnêtement n'ont rencontré au départ que peu d'obstacles.

Les journalistes de la radio haïtienne, les intellectuels et quelques hommes politiques courageux ont d'abord dénoncé les dérives du régime. Puis la société civile, les étudiants et la grande masse de la population ont pris le relais. Retranché avec sa famille dans son imposante résidence de Tabarre, dans la banlieue de la capitale, sous la protection de gardes du corps américains, ne se déplaçant qu'en hélicoptère, "Titid" s'est coupé du petit peuple, qui voyait en lui un prophète. Sans jamais élucider l'origine de sa fortune.

Pour la suite, c'est là.

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