dimanche 7 novembre 2010

Port au Principe



Par principe.
Presque, comme un réflexe conditionné, mêlant reliquat Pavlovien et l'automatisme de caste, défense spontanée de sa catégorie, de son rang, de sa corporation et réserve par rapport à "l'autre" acteur, quel qu'il soit.

Par principe.
Dès que l'on a une casquette, un drapeau, un mandat humanitaire spécifique, on l'adopte et l'on s'y tient fermement.
On rentre, insidieusement d'abord, puis de plein pied, dans le réflexe corporate, défensif. Presque malgré soi. Et dans la division, extrême et fragmentée, proprement inouïe, des secteurs, des enjeux, des acteurs.

On défend la maison, la Marque serais-je même tenté de dire (en ces temps de libéralisme très, trop facilement triomphateur, y compris dans le champs humanitaire).
Par principe.

Par principe, les humanitaires UN, donc (OCHA, UNICEF, PNUD, PAM, que sais-je encore) méprisent les ONG internationales (Care, Save, MSF etc...) qui ne pèsent rien décidément dans les décisions vraiment importantes.
Par principe, les ONG internationale conchient les UN, ces bureaucrates trop payés et déconnectés du terrain.
Par principe, les ONG nationales sont indifférents aux UN et rentrent dans une dynamique d'attraction/répulsion perverse avec ces ONG Internationales (le premier mouvement par nécessité de survie, vue la manne financière en jeu; le deuxième par lucidité souverainiste et expérience).
Par principe, les autorités sont encore d'avantage affaiblies, et se noient au milieu de cette puissance diffuse et omniprésente.

Par principe, tout ce beau monde est évidemment hostile aux civils et militaires des sections de la MINUSTAH (casque bleus/opération de maintien de la paix), qui ne comprend rien aux enjeux humanitaires, malgré ces tentatives maladroites pour y contribuer.
Elle même, la MINUSTAH, prend les humanitaires pour des crétins, eux qui déboulent dans un pays qu'ils ne connaissent pas (elle qui est là depuis 2004 mais sous d'autres formes, depuis plus longtemps encore), dans un pays ravagé par l'assistansialisme vertical et qui voit encore s'importer des milliers petit kits de réponses toutes faites.

Par principe, le peuple Haïtien, tu comprendras aisément pourquoi, se méfie de ces petits mondes qui constituent la "réponse humanitaire".

Le peuple, les peuples devrais-je dire, regarde, attend, patiemment, et prend ce qu'il y a à prendre.
Sans pouvoir encore se payer le luxe d'envoyer bouler une bonne fois pour toute toute cette architecture lourde et décidément bien compliquée à intégrer...

Ne caricatures pas ma pensée: de trés utiles, très bonnes, indispensables choses sont accomplies au nom de ces différents mandats. Mais les débris d'Haiti mériteraient d'avantage de cohérence, de leadership et de respect mutuel comme des standards internationaux déja maintes fois accordés, amendés, expérimentés ailleurs comme de bonnes pratiques.

Par principe.

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