lundi 15 novembre 2010
L'odeur de la terre
Au début, on ne sent presque rien.
Mais quand la pluie commence à gronder, l’odeur monte, piti piti. L’odeur de la terre.
La mangue sent la mangue. L’ananas sent l’ananas. Le cachiman sent le cachiman.
La terre sent la terre.
Et c’est délicieux.
Ici au quotidien, dans et autour des camps de déplacés, dans les quartiers affectés et non affectés, ça pue la merde, les ordures, le vibrion cholérique et les chimères coléreuses, l'avenir bouché,
ça pue la mort,
ça pue l'indigne,
les égouts à ciel ouvert, les déchets organiques et les canapés verts,
ça pue les espoirs déchus, le moisi et les questions de plus en plus inoccultables: ou est passé le pognon promis?
Parce qu'ici, on ne sent plus trop la terre.
Parce qu'au prétexte que ça pue la non vie, on devrait se laisser aller à omettre les saillies, violentes, lumineuses, les éclats, les fragments, sublimes, de Bon, de Beau, de Délicieux? Hein? Parce que mes états d'ame sont pour toi Eric comme les etats d'A...Pardon.
Parce que mes états d'âme mi tendre mi amer sur ce sublime métier à la con m'empêcheraient de déceler, désormais, le beau sous l'immonde, la rose et le rhéséda sous le purin, la grandeur sous le prurit?
L'odeur de la terre.
Le bruit mouillé d'un bisous spontané d'un timoun.
C'est pour ça aussi qu'on est là. Non?
Ceux qui nous servent le discours "engagement-sacrifiel", je serais toi, je m'en méfierais...
On est là, on tient, aussi, parce que ça nous plait follement et qu'on est encore capable d'apprécier l'odeur de la terre sous la couche de merde, endogène comme importée.
Le Beau. Le Vrai.
Qu'on oublie, parfois, dans tout ce fatras, dans tout ce fracas de catastrophitis agudis.
Que j'oublierai, en bon soldat de l'humanitaire, de perm ce Noel dans mon chez moi natal.
Je profiterai de ton sédentarisme comme toi de mon voyage, là bas : cette vie si bien organisée nourrit la partie de moi-même qui aurait besoin d’immobilité pendant que je nourris l’autre. J’y viendrai bientôt, à cette pause. Pour le moment, il faut voir des têtes, flairer, brasser des gens, visiter, s’enquérir, tâter , pour faire rendre un maximum aux 6, 8, 12 mois que je compte encore passer ici.
L'odeur de la terre, aux temps du choléra...
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Ici, on se demande où est passé le pognon qu'on a donné en pensant soulager un peu un peuple ami.
RépondreSupprimerEt puis, j'aime infiniment vous lire! Merci.
RépondreSupprimerReste toi même, ne change rien, des gens comme toi ça donne une claque et une bonne leçon, de courage, de vie, d'amour, continue amigo! Bises
RépondreSupprimerL’odeur de la terre… Surtout avant une belle averse tropicale… An bèl pli lavalas… Une de mes odeurs préférées.
RépondreSupprimerMerci.
Tout comme Marico : oùest passé l'argent promis au peuple HAITIENS, comment peut on laisser des personnes dans une telle sitituation et ce depuis presque un an, ces grosses ONG et cette charmante UNICEF depuis s'attendre à une épidémie telle qu'elle soit, qu'ont-ils fait ???
RépondreSupprimerBises à toi et courage moi aussi j'aime ton blog
Marie Philippe Monise arrrivée d'HAITI depuis un mois non sans mal, merci l'unicef, merci la france
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