mercredi 8 décembre 2010

Soirée d'élections

Une bonne sortie du Nouvelliste...

Il est 22 heures. La télévision nationale d'Haïti diffuse un concert de Michèle Torr. Des vieux tubes sur une musique datée.
Dehors ça tire. Des brasiers de pneus enfument le ciel quartier après quartier. Michel Martelly a annulé la conférence de presse qu'il devait donner à l'hôtel Ibo Lélé. Impossible pour lui d'arriver au nid d'aigle qui surplombe la ville. Les journalistes qui ont fait le pied de grue pendant quelques dizaines de minutes ont eu le temps d'échanger sur le panorama. Port-au-Prince est en crise. La province ne se porte pas mieux.
Prévus pour 18 heures, les résultats des élections présidentielles et législatives ont été proclamés vers 21 heures. Lus par un porte-parole du Conseil Electoral Provisoire seul, perdu, dans un décor de neuf chaises vides. Il a lu tous les résultats pour le pays. Sénateurs, députés et présidents, il a donné le classsement des prétendants.
Sitôt fini, le porte-parole s'éclipse, sans un mot. Pas le temps de prendre une question. D'apporter une précision. Les journalistes se précipitent sur leurs téléphones pour rentrer en contact avec leurs médias. Le présentateur de la Télévision nationale d'Haïti bâcle un résumé pour, lui aussi, mettre fin à la retransmission.
L'atmosphère est au sauve-qui-peut. C'est visible. D'ailleurs, dès quatre heures de l'après-midi, la ville inquiète avait envie de courir, de prendre la fuite, de se terrer, de s'enfermer. D'attendre que les résultats passent. Comme pour un ouragan.
Il est 22 heures. Personne ne sait de quoi demain sera fait. Les candidats admis au second tour, ceux recalés avec l'envie de se battre et ceux qui savaient déjà que rien de bon ne les attendait le jour de la proclamation des résultats : tout le monde se tait.
Pas de responsable du CEP. Pas de voix morale. Rien. Le silence et la rumeur de la foule qui occupe les rues alimentent l'angoisse.
24 ans devant la Télévision nationale que nous attendons que les choses se passent bien et que tout finit mal. Depuis le départ de Jean-Claude Duvalier le 7 février 1986, nous attendons certains soirs que le changement nous arrive d'un coup. Et le mieux avec.
Plus de 24 ans que nous essuyons des déceptions.
Signal FM multiplie les circuits de ses correspondants. Le chaos prend forme.
L'ambassade américaine est la première à réagir, avec une note de presse publiée à 22 heures 13.
Nous sommes le 7 décembre 2010. Michèle Torr chante encore sur la TNH.

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